HISTOIRE DU CLUB THORAX.
Vue par Max COULOMB
Le Pr G.Ferretti et le Dr G.Durand m'ont demandé de rassembler mes souvenirs sur les origines du
Club Thorax, du début des années 1970 jusqu'en 1980. C'est bien volontiers que je souscris à leur
demande, mais avec les réserves d'usage sur les oublis, les erreurs ou les exagérations que l'on est
amené à commettre dans ce type de récit, sorti des replis d'une âme aussi oublieuse que nostalgique
de moments qui furent exceptionnels.
Ce club informel réunissait à ses débuts moins d'une dizaine de personnes, toutes issues du milieu
hospitalo-universitaire.Nous en ferons au préalable une brève présentation :
Jacques Rémy, agrégé fraîchement nommé à l’hôpital Calmette de Lille, m'apparut vite comme la
la tête d'affiche du club. Auréolé par ses performances dans le domaine de l'artériographie bronchi-
que et bientôt de l'embolisation thérapeutique, il était servi par une volonté à toute épreuve et une
puissante mémoire qu'il mettait au service d'une lecture exhaustive de la littérature nord-américaine
et européenne, non seulement radiologique mais aussi médicale et chirurgicale sur le thorax.Il avait
à sa disposition un index de classement qui lui permettait de réunir iconographie et publications
correspondantes.Chaque cas qu'il présentait illustrait une publication récente de l'AJR, de THORAX
ou de RADIOLOGY. Son recrutement était exceptionnel. Il était en avance sur la plupart d'entre nous et je ne cache pas qu'il fut pour moi un exemple auquel on pouvait se référer sans oser pour autant se comparer. Notre sincère amitié s'est diluée au galop du temps mais rien n'a changé pour
moi à son endroit.
José Rémy était notre Ancien, marqué par sa formation médicale acquise au moment où sa Lorraine
natale se trouvait sous le joug du Germain. Sa collection de sémiologie thoracique, nourrie par la
lecture approfondie de l'ouvrage de Benjamin Felson, était irremplaçable.Je me souviens d'une visite de courtoisie que je lui avais rendue à l’hôpital de la Cité Universitaire, au cours de laquelle
il me fit plancher sur une lyse costale accompagnant une masse ganglionnaire du médiastin chez un
étudiant algérien. Il s'agissait bien sûr d'une tuberculose, mais à cette époque je l'ignorais! Son enthousiasme était inépuisable et entraînant, les anecdotes sur sa vie hors du commun l'étaient tout
autant. Venu un jour chez moi, il me surprit en remettant en marche une pendule à cordonnet de
1830 ! Elle fonctionne encore parfaitement.
Jacques Caron, de formation lilloise, avait été nommé au CHU d' Angers, accompagné de sa jeune
épouse auquel elle succédera dans le service central de radiodiagnostic.Son décès prématuré nous
plongea dans la tristesse. Comme beaucoup d'entre nous, il devait faire face à ses obligations locales de radiodiagnostic général avant de pouvoir se consacrer au thorax. Ce n'était pas le moindre de ses mérites dont il s'ouvrait auprès de ses amis avec un sentiment de regret qu'on percevait dans son
regard chaleureux. Jacques aimait la peinture contemporaine, comme on put le découvrir à l'occasion d'un Club qui se tint dans cette capitale d'art et d'histoire.
Jean-Pierre Mabille était le responsable du radiodiagnostic à Dijon. Issu de la branche «Radiothé-
rapie » de l'ancienne Electroradiologie, de formation parisienne, Mabille s'était mis au service du
« Radiodiagnostic » avec ardeur car, à cette époque, la formation d’électroradiologiste permettait
une telle mutation. Il était un expert des tumeurs osseuses.
Pierre Bernadac exerçait ses talents au CHU du Brabois à Nancy. Chaleureux s'il en fut, Pierre ap-
pelait l'amitié de ses mains, aidé par un extraordinaire accent du Sud-Ouest qu'il cultivait avec une
intention non dissimulée dans sa ville bourgeoise d'adoption. Il me surprit lorsque je le vis, pour la
première fois, au volant de sa Porsche 911. Voulait-t-il suivre l'exemple du Président Pompidou, qu'il se plaisait parfois à imiter ? Pierre avait l'avantage de travailler auprès d'un des maîtres de la
pneumologie de l'époque, le Pr Paul Sadoul, pionnier de la physiopathologie respiratoire, formé à l'école américaine, très orienté dans les domaines des BPO et des maladies professionnelles . Son
recrutement dans ces domaines était inépuisable.Il était en même temps un grand ami de Michel
Geindre, ce qui consolida notre amitié.
Denis Lallemand nous montrait le thorax pédiatrique qu'il partageait avec Jacques Rémy, pour notre profit à tous sur le congénital. Il était l'héritier spirituel du Pr Sauvegrain et avait été nommé
aux Enfants Malades (Pr Lefebvre) après un séjour aux E.U. Je me souviens encore de l’accueil qu'il réserva au jeune provincial à l'occasion de sa première venue au Club Thorax. Sa gentillesse, servie par une voie basse et chaleureuse, me rassura pour la suite. Il était le seul à pouvoir présenter des dossiers pédiatriques d'une telle qualité.
Victor Bismuth était chef de service à Ambroise Paré, hôpital récent et de taille moyenne. Je fus
tout étonné de retrouver ce monument de la radiologie que j'avais visité pierre après pierre, au cours
de la préparation du CES national de radiologie (passé en 1968, au terme de l'internat en médecine)
Victor était en effet un auteur très apprécié de questions de radiodiagnostic, sur le modèle des questions d'internat, qu'il publiait dans les revues spécialisées. Une génération d'âge nous séparait
mais son abord était simple et sa parole rassurante. Très rapidement, je pris la mesure de ce que re-
présentait cette forte personnalité, amateur de musique et d'opéra qui, à elle seule, mais avec d'autres qu 'il savait fidéliser, édifia ce que sont devenues les Journées de Radiologie. En peu de temps nous parvînmes à rédiger ensemble le délicat chapitre de la séméiologie pulmonaire du traité
de Fischgold, dans le tome I des affections thoraciques, qui parut en 1977 chez Masson ed. Pour la première fois, on dévoilait aux lecteurs français tous les secrets pré scanographiques des syndromes
alvéolaire et interstitiel et de bien d'autres expressions des affections du poumon d'après la
seule lecture d'une radiographie standard HT, appuyée ou non de plans tomographiques. De nombreuses corrélations histologiques illustraient notre propos. Mais comme nul n'est prophète dans son pays, surtout en France, commençait une véritable dérive sémantique chez les nouveaux utilisateurs de ce nouveau vocabulaire, alimentée par une mauvaise compréhension et de réelles difficultés d'analyse sémiologique, que nous avions pourtant soulignées dans un paragraphe spécial.
Une décennie allait encore s'écouler avant que l'on découvre « les secrets du lobule pulmonaire »
sur des coupes HRCT. Mais ces secrets, HR Heitzman nous les avait amplement dévoilés, dés 1970,
sur des radiographies de pièces anatomiques entières et débitées en tranches plus ou moins fines.
Nous connaissions , dès cette époque, l'aspect des lésions histologiques élémentaires et nous avions,
de façon intuitive, la possibilité de nous représenter ce qu'elles produiraient sur le récepteur analo-
gique (film radiographique) après passage à travers le volume du thorax et après les effets bien connus de sommation et soustraction d'image. C'est sur les corrélations anatomiques, histologiques
et physiologiques que reposait l'avance des Nord-Américains. Nous adoptâmes alors leur méthode
et combien de fois nous fîmes appel aux images des ouvrages de Heitzman ou à des préparations anatomo-pathologiques pour comprendre les aspects HRCT. On ne devrait pas franchir impunément les étapes technologiques car chaque étape est un jalon du savoir qui contribue, s'il est fondé scien-tifiquement, à éclaircir les inconnues de l'étape suivante. On ne devrait pas négliger la lecture d'une RT avant de réaliser un scanner.
Mon cher et regretté ami Michel Bléry accompagnait son maître V. Bismuth et c'est à cette époque que je fis sa connaissance. Il prit progressivement son relais au club où il présentait de magnifiques
dossiers de pathologie traumatique, puisés dans son activité de l'hôpital de Garches. Il lui succédera
plus tard au secrétariat de la SFR dont il assuma, avec talent et méthode, les lourdes charges.Il fut aussi l'éditeur des « Feuillets de Radiologie » et, à cette occasion, il ne manqua jamais de solliciter
les membres du Club Thorax.
Comme je l'ai déjà dit, les réunions du Club rassemblaient des participants d'origines géographiques différentes. Il s'avéra que la capitale était le meilleur dénominateur commun. Cinq à six réunions annuelles se tenaient soit aux Enfants Malades, soit à l'hôpital de la Cité Universitaire soit encore à Ambroise Paré, plus rarement en province. Le déroulement de ces séances se faisait « à la bonne franquette », généralement debout avec une cigarette au bec, après le traditionnel café-croissant, dans le calme et sans précipitation malgré notre impatience naturelle. Après quelques mots de clinique, c'était l'affichage des films, quelques questions, puis les réponses diagnostic ou.. le grand
silence en cas de dossier difficile. Venaient ensuite les explications du présentateur avec, à l'appui, un CR opératoire ou anatomique s'il s'imposait. Ces réunions se déroulaient le samedi de 9h à 13h,
ce qui permettait, volens nolens, de passer une douzaine de dossiers. La reproduction en autant d'exemplaires que de présents de chaque dossier nécessitait la présence d'un manipulateur du service que nous rétribuions généreusement en fin de séance. L'absent excusé recevrait ses dossiers
de reproduction par la poste. Cette duplication concernait de grands formats ce qui nécessitait l'usage de contretypes et d'une contretypeuse. L'usage était d'apporter chacun une boîte de contretypes que nous « empruntions » à nos services respectifs ! Je m'aperçus alors que certains n'exposaient que des contretypes, alors que d'autres venaient avec les originaux de radiographies. La duplication de contretypes était médiocre et rendait souvent le dossier inutilisable mais, à cette époque, le clinicien d'un hôpital pouvait se montrer intransigeant sur la remise d'un contretype et pouvait exiger celle de l'original, ce qui revenait à priver le radiologue de son outil de recherche et d'enseignement ! C’était avant l’ère du numérique. Malgré tout, je n'ai jamais assisté à la moindre dispute, au moindre signe de mépris ou à la moindre manifestation égotique qui vienne rompre le plaisir d'être ensemble.
Un repas rapidement pris à la brasserie la plus proche clôturait ces réunions avant que nous prenions
le train du retour. Dans la semaine qui suivrait, nous serions heureux de faire plancher nos élèves
sur des dossiers inédits et de qualité, et de montrer au colloque de pneumologie les meilleurs de ces
cas. Ainsi allait la transmission des connaissances avant l'internet et le digital, à la vitesse du train
mais à travers de véritables relations humaines où chacun amenait sa part de peine et de contrainte.
Nous avions la libre disposition de ces images pour notre enseignement et il arrivait parfois que l'un
d'entre nous décide de rassembler plusieurs cas d'une même thématique pour rédiger une publica-
tion plus étoffée.
Nous étions donc moins de dix au début et ce n'est qu'au cours des années 1980 que vinrent nous rejoindre JP Sénac et J Giron, P Lacombe, MF Carette, P Grenier, M Brauner et bien d'autres, en même temps que, parmi les plus anciens, certains se faisaient plus rares au Club Thorax. C'est alors
que les objectifs et le cadre des Sociétés d'organe allaient bientôt évoluer vers plus d''échanges, notamment à l'échelle internationale.
Les objectifs du Club Thorax à son origine furent spécifiques et c'est cela que je voudrais maintenant montrer en rappelant qu'ils furent étroitement liés à la mise en place du Radio-diagnostic.
La création du Club Thorax s'est probablement faite à l'initiative de V. Bismuth qui était en même temps le responsable en titre de l'EPU à la SFR et l'interlocuteur du Pr Fischgold, le maître d'oeuvre d'un traité de radiologie en cours de parution aux éditions Masson. Deux tomes étaient consacrés au thorax. Le Club Thorax participa à la rédaction des deux tomes qui parurent respectivement en 1977 et 1979. V Bismuth, J Remy, J Caron , P Bernadac et M Coulomb en étaient les auteurs. Le Club Thorax a donc fonctionné dès le début comme une cellule active et autonome en liaison avec d'autres structures : la SFR et sa branche EPU, le Comité de rédaction du Traité composé des principaux spécialistes d'organe, et le CERF. Il existait autant de cellules actives que de spécialités d'organe. Par la communication et l'échange vivant de dossiers ces Clubs suscitaient une fusion des auteurs autour d'un objectif commun et alimentaient aussi les programmes annuels d'EPU.
Quelle fut à cette époque la structure qui inspira et rendit possible cette politique nouvelle du Radiodiagnostic en France ? Ce fut le CERF (Conseil des Enseignants de Radiologie de France) qui, avec intelligence, subtilité et conviction assuma ce rôle de rénovation, en accord avec quelques
personnalités convaincues de la SFR et l'aide des instances politiques. On me pardonnera de péné- trer dans les coulisses éloignées de l'histoire du Club, mais une brève digression est indispensable.
Une bonne connaissance des faits historiques permet souvent d'éclairer les difficultés du présent et
peut contribuer à leur trouver une solution.
L'ordonnance du 30 décembre 1958 est un texte fondateur qui a permis la création et l'organisation en France des CHU, qui a rénové en profondeur les études médicales et fait de la recherche en
médecine une priorité.Qu'en était-il alors du Radiodiagnostic ? (car on ne parlait pas alors d'image- rie médicale). Cette branche d'activité n'était pas individualisée du point de vue universitaire et se
trouvait regroupée avec la Radiothérapie et la Cancérologie, les Isotopes, l’Électrologie, la Physique médicale au sein de « l’Électro-radiologie », qui était devenue un empire aussi démesuré que fragile, au sein duquel toute possibilité d'évolution moderne se trouvait compromise. Le retard quantitatif en postes accumulé par le Radiodiagnostic, par rapport à l'ensemble des spécialités médicales et chirurgicales qui, elles, ne cessaient de croître, ne pourrait jamais être comblé !
C'est alors qu'au milieu des années 1960, un groupe de pression politique proche du pouvoir, con-
vaincu qu'il y avait un déséquilibrage flagrant entre le nombre de postes hospitalo-universitaires
des spécialités médico-chirurgicales et celui du Radiodiagnostic en activité et prévisible dans les nouveaux CHU récemment créés, réussit à provoquer une action de concertation entre le ministère
de l’Éducation nationale et celui de la Santé. Il aboutit à la création exceptionnelle de 30 postes de
Maîtres de Conférence agrégés (ancienne dénomination). Le recrutement s'étala à la fin des années
1960.
La nomination massive de ces nouveaux universitaires provoqua un changement rapide de l'Electro-
radiologie « de papa ». Convaincus de leurs fonctions nouvelles au sein des CHU, ces jeunes professeurs, issus du concours de l'internat en médecine, ce qui les mettait au même rang que les médecins et chirurgiens des autres disciplines, se regroupèrent pour constituer une force de proposition et de renouvellement du Radiodiagnostic clinique. Leur but était de constituer, à l'image
de la médecine et de la chirurgie, des spécialités d'organe qui seraient le gage de l'émergence d'un
enseignement et d'une recherche dignes de ce nom, en même temps que d'une activité de soins adaptée aux équipes médico-chirurgicales.
Ces pionniers, dont il faut saluer la mémoire, pensaient aussi aux échanges nationaux et internatio-
naux sans oublier l'échelon local, à travers des sociétés d'organe dont le Club Thorax fut un exemple
Parmi eux, rappelons quelques noms qui marquèrent cette époque: M Laval-Jeantet, H Nahum,
M Geindre, V Bismuth, tous disparus aujourd'hui, et surtout mon ami et compatriote JL Lamarque, ineffable créateur dans une discipline dont il aura marqué son époque et, « last but not least », qui sut amener JP Sénac jusqu’aux rives de la radiologie thoracique où il est devenu mon ami. N'oublions pas aussi tous ceux qui, d'une génération plus ancienne, s'employèrent à faire réussir ce vaste projet : F Pinet, M Tubiana, G Delorme et J Lefebvre.
C'est de cette subtile alliance entre Anciens et Modernes que naquit un jour de 1969 le CERF qui
fut, au temps du Far West radiologique, une vraie table d'orientation du Radiodiagnostic. Lorsque,
jeune agrégé, on m'invita au Club Thorax, je fus honoré mais je ne perçus pas immédiatement tout ce que cela représentait en réalité. Je ne regrette rien de ma carrière de radiologiste d'organe qui m'a
apporté les plus belles satisfactions de l'esprit comme celles de l'amitié en un temps où, il est vrai, l'on célébrait au moins autant l'action collective que la réussite individuelle.
Je voudrais achever ce retour vers le passé en évoquant les premières Semaines consacrées à la radiologie thoracique qui se tinrent chaque année à Davos, en période hivernale, à partir de 1970, car elles eurent une grande influence sur la légitimité du Club Thorax par l'impulsion extraordinaire, à tous les points de vue, qu'elles donnèrent à ses membres qui eurent la révélation de ce qu'il restait à accomplir pour « avoir le niveau ». Rares étaient ceux qui, à cette époque, avaient séjourné aux E.U. ou au Canada et pouvaient se prévaloir d'une lecture de la RT qui prenne en compte à la fois
les données contribuant à la formation de l'image, les données physiologiques vasculaires et respiratoires, les corrélations radio-anatomiques et histologiques normales et pathologiques. Or, le diagnostic reposait en ces temps préscanographiques d'abord sur la RT analogique qui, la plupart du temps était pratiquée en moyenne tension. La HT était encore peu répandue et l'usage du filtre médiastinal réservé à quelque initiés. La tomographie multi-plans était d'un apport variable selon
le type de lésion. Angiographie pulmonaire, artériographie bronchique et bronchographie étaient réputés invasifs, pratiqués en deuxième intention. En France, l'interprétation d'une RT était dans
bien des cas l'apanage du pneumologue qui, trop souvent, pratiquait dans son cabinet les examens
radiologiques. La lecture reposait sur un florilège d'expressions dénuées de valeur scientifique. Or,
sans que la majorité des radiologues et des pneumologues ait pu en prendre connaissance, une nouvelle séméiologie avait été édifiée, notamment au Canada (Fraser et Paré) et aux E.U.( B Felson,
HR Heitzman). Ces connaissances avaient aussi gagné les pays scandinaves et la G.B !
Pour ceux et celles qui participèrent aux Semaines de Davos, j'en fus dès le début, la démonstration
fut une révélation. Elle fit naître le besoin de reproduire autour d'eux tout ce que nous livraient ces
enseignants anglophones, de façon tellement évidente à partir d'un support aussi simple qu'une RT,
debout et HT. L'évidence était telle que la langue n'était plus un obstacle. Le soir, nous traduisions les polycopiés pour comprendre ce que le jour n'avait pas éclairé ! Une librairie accompagnait très
opportunément ces premiers « Davos » : elle fut dévalisée en peu de jours ! La présentation de Moris Simon, sur la lecture normale et pathologique de la vascularisation pulmonaire, eut un très
grand succès.
Le séjour à Davos était d'une semaine pleine que nous partagions entre neige et travail intensif en
cours pléniers et ateliers. Les cours du change étaient encore favorables, ce qui permettait d' agré-
menter notre séjour en ville. Tout cela favorisait les échanges entre participants, radiologues ou
pneumologues universitaires, qui se lièrent autour de l'excellence et de l'évidence du progrès pour
faire diffuser auprès de leurs collègues respectifs ce parfum d'actualité.On vit alors des pneumologues universitaires, de même génération que la nôtre, devenir des alliés objectifs de notre
discipline, régénérée à l'air des sommets suisses. C'est à cette occasion que je fis la connaissance du
Pr Jeannin, pneumologue au CHU de Dijon, avec qui les relations furent durables. Nous avions tous
hâte de communiquer « les Évangiles ».
Ce fut le cas à Grenoble où le Pr M Geindre, dont j'étais l’élève dans le domaine de l'angiographie
digestive (ma thèse avait porté en 1968 sur 250 explorations de l’artère hépatique), accepta d'organiser en 1972 à Grenoble, avec son jeune agrégé, les « Actualités en pneumo- radiologie » auxquelles participèrent tous les membres du Club Thorax, l' École pneumologique locale , celle de
Dijon et, importante présence, le Pr grenoblois d' anatomopathologie qui m'avait aidé à réaliser des
corrélations radio-histologiques. Une exposition scientifique permettait de découvrir cette nouvelle séméiologie dans le hall d'entrée : elle eut un immense succès auprès des participants venus de la France entière, radiologistes et nombreux pneumologues. La Nouvelle Radiologie était illustrée sur un poster où figuraient ensemble : une RT de rayon de miel, la pièce anatomique, les coupes histo-logique et un gâteau de miel naturel. Tout était dit ! Nombre de textes qui furent ensuite publiés dans « Annales de Radiologie » apparaissent aujourd'hui comme le premier canevas de ceux qui figurent dans le Tome I du Traité de Fischgold paru en 1977.
Mais dés la fin des années 1970 une nouvelle aventure, riche d'espoirs pour le Radio-diagnostic,
était en préparation au LETI-CEA de Grenoble, pour le compte de la CGR, aujourd'hui absorbée
par GE. Celle de la tomodensitométrie ! Grâce à l'action de M.Geindre nous eûmes la chance d'-
évaluer ce prototype français dont le temps d'acquisition-rotation était de 12...secondes sur une
matrice 256. Seule l'exploration du médiastin et de la paroi était acceptable : je pus montrer les
premières images au Club Thorax dés 1979, avec à l'appui les magnifiques préparations anatomiques en coupes transverses du Pr R. Sarrazin , car le pli des corrélations était pris. Les améliorations techniques n'allaient pas tarder ; elles allaient confirmer la redoutable efficacité de la TDMHR en pathologie pulmonaire.